L'oeuvre de Miron Bialoszewski (Varsovie 1922-1983)
Né en 1922 à Varsovie, décédé en 1983, auteur de recueils de poésies, de courts récits et de longs textes en prose ainsi que de pièces de théâtre, Miron Bialoszewski est l'un des poètes majeurs de la littérature polonaise du XXe siècle. Il passa parfois pour un novateur hermétique et son langage resserré, ses extravagances verbales pourraient faire penser à Henri Michaux ou à Eugenio Montale. Il fut cependant l'écrivain le plus authentiquement lié à la vérité quotidienne de la Pologne (et surtout de sa Varsovie natale), dont il choisit de témoigner en prenant le parti des choses et des gens ordinaires. C'est lors du ‚« dégel ‚» politico-culturel qu'une petite scène expérimentale révéla d'abord sa poésie, puis son premier recueil - Les Révolutions des choses (1956) - fraya le chemin aux autres volumes : Calcul velléitaire (1959), Émotions trompeuses (1961), Il y avait et il y avait (1965), Dénonciations de la réalité (1973), Bruits, glus, trains (1976), S'en débarrasser (1978), et au Mémoire de l'insurrection de Varsovie (1970), texte ‚« narratif ‚» d'une facture très singulière. Le présent ouvrage repose sur une anthologie représentative des oeuvres de Bialoszewski ; la traduction en est une gageure, tant l'écriture en creux de ce poète la rend malaisée à rendre dans une autre langue, mais elle fournit une première approche de ses textes. Le commentaire analyse l'oeuvre de Bialoszewski dans ses options majeures : le refus de la fiction, la fusion empathique de l'oeuvre et de la vie, une option littéraire qui ne recherche pas la maîtrise du réel, mais le ressent et le subit pour éventuellement le communiquer ; et, en outre, la sensibilité aux nuances les plus subtiles : la perception de la sainteté des détails infimes. Lentement un ciel lourd s'effondre, nous emmure dans l'ombre. Et alors je m'arrache -- morceau éclaté -- du marbre de cette journée. Je cherche le pouls sous le crépi, les pleurs gelés dans la gouttière, la cloche des odeurs sur la montagne du crépuscule, le berceau d'étranges périples sous les dalles grisesâ€à¦